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Pêcher les têtes de roches... |
Doit-on parler de stratégie ? De technique appropriée ? D'approche spécifique ? De leurres magiques ? |
Non je parlerais d'abord et avant tout de plaisir, de cœur qui bat à l'idée de voir mon leurre, ballotté dans l'écume, soudain être happé par la gueule d'un bar rageur. |
Je parlerais encore d'adrénaline lorsque l'on sent dans le poignet la fulgurance de la touche, comme si une décharge électrique venait vous foudroyer d'un coup, vous rendant groggy pendant quelques minutes. |
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Q'est-ce qu'une tête de roche ? |
C'est la partie émergée d'une roche, elle-même souvent le prolongement d'un plateau rocheux. |
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Pour mieux comprendre comment s'articule cette zone de pêche, une bonne méthode consiste à observer la zone à marée basse et par forts coefficients. La mer, découvrant la tête de roche, laisse souvent apparaître le relief marin l'entourant et ses variations de niveau. |
On constate ainsi, que la zone de pêche ne se limite pas à la simple tête de roche, et que la prospection ne se limitera pas à l'écume des vagues venant se briser sur la roche. Suivant la tête de roche, le poisson peut se situer à différentes profondeurs, et à différents endroits. |
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Les différentes zones de pêche |
Un peut définir trois zones de pêche différentes, qui peuvent être abordées différemment, tant au niveau positionnement du bateau qu'au niveau des leurres à utiliser. En fonction de chaque tête de roche, ces zones peuvent être plus ou moins vastes, se situer d'un seul côté de la tête de roche (cas le plus courant et celui que je préfère)… |
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Tout d'abord la zone 1, que j'appellerais la zone blanche. Cette zone, là ou l'eau blanchit est une zone à prospecter plus particulièrement à la montante, les 3 premières heures étant à mon goût les plus propices. Après le calme lié à l'étal, le courant, en s'inversant, combiné aux mouvement des vagues crée une zone de perturbations, hyper oxygénée. Le bar profite souvent de cette zone de tumulte pour y attaquer les proies mises en difficulté par la force des vagues venant se briser sur les rochers. |
Dans ce genre de conditions, je n'hésite pas à attaquer les pourtours de la roche avec un Sammy 128, grosse proie bien sonore, histoire de voir si les bars sont à l'affût. Si ce n'est pas le cas, je réduis la taille du leurre dans un premiers temps, puis je passe sous l'eau, en essayant au maximum d'imiter un poisson désemparé et chahuté par la vague. Le B'Freeze 78S (malgré sa « petite » taille), est un excellent leurre pour pêcher l'écume. |
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J'utilise d'ailleurs, dans ces conditions, principalement des leurres sinking, qui vont avoir une tenue certaine dans la vague et vont permettre de jouer avec le leurre, qui, tantôt nageant énergiquement, tantôt se laissant embarquer par la vague, sera une parfaite imitation d'un petit poisson entre vie et trépas. En effet, le travail du leurre en stop and go, est souvent la technique la plus productrice. Il suffit de lancer dans la vague, au ras de la roche et d'attendre quelques secondes avant de récupérer. La touche a souvent lieu à ce moment. Si ce n'est pas le cas, il ne faut pas hésiter, après un ou deux twitchs, à faire à nouveau un stop et à laisser le leurre tourner dans la vague, fil légèrement détendu, deux ou trois secondes avant de reprendre la récupération. |
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Sinon, si la profondeur au pied de la tête de roche le permet, il ne faut pas hésiter à utiliser un Bevy Shad 75SP, qui va permettre de pêcher un peu plus creux. Ce leurre, dans ce genre de conditions est incroyable : il a une capacité phénoménale à faire sortir les
gros bars. |
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A contrario, si la hauteur d'eau est très faible, un Senko de chez Gary Yamamoto, monté sur un hameçon texan en no-sink, et ballotté par les vagues, est formidable de réalisme. |
Pour pêcher dans cette zone blanche, il faut avoir le meilleur angle d'attaque possible. Il faut donc positionner le bateau de manière à ce qu'il soit parallèle au courant, tête de roche à la perpendiculaire du bateau. Il faut attaquer en priorité le côté de la tête de roche frappé par les vagues, ce côté étant encore meilleur si la profondeur au près de la roche est faible. Les coefficients compris entre 70 et 90 sont les meilleurs. |
C'est cette zone qui est la plus souvent pêchée : certes très prenante mais aussi parfois très décevante, car elle se pêche surtout en début de montante, mais pas toujours accessible à ce moment là. La prospection de la tête de roche ne doit donc pas se limiter à cette zone. |
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La zone de palier |
En effet, dans bien des cas, la zone 2 que l'on appellera zone de palier, peut s'avérer plus propice. Pêchable aussi bien à la montante qu'à la descendante, c'est la zone de prédilection des bars en maraude, généralement bien réceptifs aux mouvements d'un leurre manié assez rapidement. C'est le royaume des jerks. Cette zone, parfois guère plus grande que la surface de vente de votre détaillant préféré, pourrait être considéré comme zone « de transit ». Visuellement, c'est la zone qui se découvre, où tout du moins se laisse entre apercevoir, lors des très gros coefficients, supérieurs à 100. |
Elle constitue un palier entre la zone blanche, là où blanchit l'écume, et la zone profonde synonyme de quiétude et de sécurité. Les bars y stationnent aussi bien au flux qu'au reflux, et finalement y sont présents quasiment en permanence dès que les températures de l'eau et de l'air dépassent les 14°. Elle coïncide souvent avec la ligne de thermo-clime en mai-juin et en septembre-octobre, ligne de partage des courants « froids » et des courants « chaudes ». Compte tenu de ces critères de température, le mois de juin est un mois extraordinaire pour pêcher cette zone, même si elle rapporte des prises tout au long de l'année. Dès que le beau temps arrive, Le soleil réchauffe la couche d'eau supérieure, et le fretin vient s'y nourrir, s'y reposer et profiter des rayons du soleil : messieurs les bars ne sont généralement pas loin. |
Pour ce qui est des leurres, comme je le disais auparavant, les jerks sont sans conteste les leurres à utiliser en priorité. Ils imiteront parfaitement les proies présentes dans ces zones : il suffit d'adapter la taille des leurres à la saison. Le Flash Minnow 95 et le B'Freeze Slender 97, pour les « petits » leurres sont incroyables de vie dans des mains expertes. |
Lorsque les proies sont un peu plus grosses, le
Flash Minnow Live 120, manié en alternant jerks, twitchs et stops, sera criant de réalisme et ne laissera pas indifférents les gros bars : attention à la décharge dans le poignet!!! |
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C'est la zone à prospecter en priorité en milieu de montante et de descendante, et cela indépendamment des coefficients de marée, tant que l'on est pas dans les extrêmes, bien sûr, ces derniers n'étant généralement pas les meilleurs pour le bar (je dis bien généralement, car je préfère un coefficient de 30 avec un petit coup de vent accompagné d'une dépression d'ouest à un coefficient de 80 sous un soleil de plomb sans la moindre brise!!! Pour ce qui est du positionnement du bateau, il faut le positionner non plus perpendiculairement à la roche mais plutôt sur un angle de 45° (Cf. schéma ci après). |
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La zone profonde |
La troisième zone, la plus profonde, et souvent la plus délaissée, est une zone à ne surtout pas négliger. Servant de zone de repos aux bars, elle est souvent synonyme de belles pièces, plus particulièrement en début de saison, lorsque l'eau est encore un peu froide, ou a contrario, en plein milieu de l'été lorsque la température de l'air est très élevée et que les conditions anti-cycloniques sont installées depuis plusieurs jours. Les bars, compte tenu de la chaleur et de l'agitation estivale, se réfugient souvent dans ces profondeurs, au calme et au frais pour ne monter entre deux eaux ou en surface, que tôt le matin ou tard le soir. Un longbill minnow, ou un leurre souple, voire un lipless, animés très lentement, seront redoutables. L'objectif est en effet, en plein été de tromper les bars les plus méfiants, restés au fond, ou encore en début de saison, de motiver l'attaque des bars non décidés à monter sur la zone 2 pour cause de température de l'eau encore trop froide. |
Les leurres à utiliser en priorité : B'Freeze Long Bill Sinking, Staysee 90SP, senko 5' sur montage texan (les laminated coloris 901 « lançon » et 927 « sardine » sont des musts). Pour ce qui de l'animation, il est important de pêcher du moins profond au plus profond, et surtout de pêcher lentement. Avec un leurre sinking, l'idéal est d'alterner des phase de récupération très lente, de pauses, et de petites accélérations très rapides (twitchs secs) mais très brèves (1m maxi) avant de laisser le leurre à nouveau descendre. |
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Animation d'un leurre sinking (B'Freeze 100LBS) pour la prospection de la zone profonde: |
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Cette zone profonde est aussi une zone de stationnement du bar au moment des étals. Elle abrite également d'autres espèces de poissons très intéressantes du point de vue sportif telles que le lieu jaune (appelé colin en Manche), ou que les vieilles, dont certains sujets dépassant allègrement les 2 kg offre une combativité incroyable. Si l'on souhaite s'amuser un peu avec ces poissons, un Gary Yamamoto Kut Tail 4' ou 5' sera l'idéal, surtout en pêchant le fond. A ce moment là un montage drop shot sera plus approprié. |
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En résumé, les têtes de roches et leurs alentours immédiats offre des possibilités de pêche variées tant au niveau des techniques que des marées ou même des saisons. Finalement, quelle que soit l'heure et les conditions météo, en adaptant son positionnement et ses leurres, mais aussi et surtout son approche globale, pêcher les têtes de roche peu rapporter gros. |
Victor |
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